Prédication du culte d’action de grâce de l’Unio Reformata, 11 juin 2017 à Namur

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Frères et sœurs de l’Unio Reformata,
Je vous souhaite à tous un bon anniversaire. Nous avons un an, aujourd’hui. Cette année, nous fêtons aussi – et j’imagine que cela ne vous a pas échappé – les 500 ans de la Réformation. Mais que fêtons-nous, en fait? Fêtons-nous l’histoire ou fêtons-nous ce que ce que nous avons alors reçu a conservé toute son importance aujourd’hui? Et les textes (bibliques) que nous venons d’entendre concernent précisément ce que nous avons alors reçu.
Dans ses 95 thèses, Luther a écrit: Le véritable trésor de l’Église, c’est le saint Évangile.
Un des objectifs de l’U.R. me semble être de permettre que ce trésor soit véritablement un trésor; de pouvoir le regarder – et le lire – avec un étonnement et un émerveillement sans cesse renouvelé.
Un trésor aussi précieux, aussi unique, on ne s’en défait pas « juste comme çà ». Que pourrait signifier aujourd’hui d’appeler l’Écriture un trésor?
Durant les siècles qui ont suivi la Réformation, après la redécouverte de l’importance de la Bible, ce trésor est devenu de plus en plus un coffre-fort rempli de sagesse orientale, enveloppée et cachée dans les brumes des temps, comme si des milliers d’années d’histoire avait troublé notre vue par rapport à sa sagesse. L’Écriture devient un texte comme n’importe quel autre texte. On a ouvert le coffre-fort et on a décortiqué, labellisé son contenu, en disposant tous ses éléments côte à côte. Notre trésor semblait perdre son éclat, son unicité, sa grande valeur. D’autres trésors ont été découverts et nous semblons avoir atterri, aujourd’hui, pour pousser l’image un peu plus loin, dans une sorte de course au trésor vers la sagesse qui nous conviendra le mieux.
Qu’est-ce qui nous lie encore aujourd’hui à un texte vieux de plusieurs milliers d’années? Qu’est-ce qui rend ces mots, ce lange, vrai, authentique?
L’U.R. a été créée pour apprécier à nouveau ce trésor à sa juste valeur.
J’espère que le texte de la deuxième épître à Timothée peut nous inspirer sur ce point.
Timothée, en tant que responsable dans la communauté, est ici encouragé par Paul à conserver l’Écriture comme source de sagesse, comme trésor pour l’Église. Pourquoi? Dans quel but?
Premièrement: pourquoi? Pourquoi la Bible est-elle si importante? Pourquoi Paul appelle-t-il les Écritures saintes? Toute (texte de l’)Écriture est inspirée de Dieu. C’est la seule fois dans la Bible où l’Écriture est appelée « inspirée par Dieu ». Le terme utilisé ici signifie insufflé par l’Esprit de Dieu: toute l’Écriture est insufflée par l’Esprit de Dieu. Et c’est pour cela qu’elle est pour nous un trésor de sagesse, et non en premier lieu parce que nous la trouverions belle et son récit inspirant. Non! L’inspiration vient de Dieu. Ce que nous en pensons n’est pas déterminant. Cela veut dire: avant que nous n’ouvrions notre bouche pour dire des choses inspirées ou non, il est important – et plus que cela: impératif – de d’abord écouter. Ce qui nous lie à un texte vieux de milliers d’années, c’est l’Esprit de Dieu. C’est pour nous en souvenir que nous fêtions la Pentecôte, dimanche dernier.
Placer notre propre sagesse et notre propre culture sous celle [sous l’autorité] de l’Écriture est et reste un défi considérable. Mais Paul demande précisément à Timothée d’y rester attaché.
Deuxièmement: dans quel but? Pour enseigner. Cela ne va pas de soi. Il apparaît qu’il n’est pas si simple que la sagesse tombe du ciel. Enseigner, et encore plus réfuter des erreurs et des errances, sont des défis encore plus grands aujourd’hui. Chacun son opinion, chacun sa vérité. Ce n’est pas ce qui est écrit ici. Car on peut apparemment aussi trébucher dans la lecture de l’Écriture.
Nous lisons la Bible dans une communauté de croyants comme un texte, un trésor, que nous avons reçu au travers des siècles, inspiré par l’Esprit de Dieu. Une des grandes traditions que nous respirons également, est cette conscience qu’avait également Timothée, par la tradition juive dans laquelle il avait grandi, que l’Écriture s’inscrit dans l’assemblée de la communauté, dans une communauté croyante, dans la liturgie; qu’on la lit, écoute et enseigne en s’ouvrant à l’Esprit de Dieu, mais qu’on entre aussi en discussion ouverte les uns avec les autres, qu’on entre en conversation. Car le texte suppose cela aussi.
Enfin, pas seulement pour enseigner, mais finalement aussi pour éduquer, pour former en vue d’une vie vertueuse, d’une vie de justice. Finalement, il s’agit de nous, en tant que croyants, pour que nous cherchions dans l’Écriture comment être des humains selon les intentions de Dieu. Il ne s’agit pas d’intelligemment couper les cheveux en quatre, mais du renouvellement de notre être humain.
Ouvrons-nous pour la dynamique, ce mouvement, cette respiration de l’Esprit de Dieu dans l’Écriture. Chérissons cette source, ce trésor et ne cherchons aucun autre esprit que son Esprit quand nous ouvrons la Bible.
Rendons grâce pour cette grâce et pour l’inspiration que nous avons expérimentée durant l’année écoulée, quand nous nous sommes rencontrés en tant qu’Unio Reformata; et poursuivons sur le chemin que nous avons choisi pour honorer le trésor du Royaume de Dieu.
Amen.
Past. Edwin Delen