Je te dirai qui tu dois emmener avec toi et qui tu ne dois pas emmener. (Juges 7/7)

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Tous, nous connaissons le récit de Gédéon. Il engage au combat des gens que Dieu Lui-même s’est choisi. Un combat avec un flambeau d’une main et une cruche de l’autre. Il crie et envoûte ainsi le lecteur qui a le sourire aux lèvres: trop de glaives dans la main du Seigneur… !
Une Bande à Gédéon, choisie pour honorer Dieu, petite mais vaillante et valeureuse. Trois cents personnes qui sont capables de laper l’eau aux côtés de Gédéon inquiet, contre une puissance supérieure en nombre. Avec des flambeaux et des cruches, avec du tumulte dans la nuit, il obtient la victoire.
Une bande à Gédéon, cela semble être l’identité de beaucoup de petites communautés réformées à travers les siècles. Elles livrent le combat pour Dieu dans un milieu hostile, petites, mais vaillantes et valeureuses.
Il ne semble pas que ça ait beaucoup changé, aujourd’hui, dans nos dans nos églises, petites, effrayées peut-être par la supériorité numérique, une supériorité de gens indifférents, même pas franchement de l’athéisme, mais un apathéisme, des individus qui ne savent même plus de quoi il retourne. Ils considèrent la Bande à Gédéon comme leur ressemblant et pensent : Qu’est-ce que c’est encore ça pour une histoire ?
Malgré cela, c’est l’occasion pour les petites communautés réformées de s’identifier à ces images particulières. Malgré leur confiance en la Parole de Dieu, ils se savent choisis par Dieu pour glorifier Son nom.
Les croyants et les églises trouvent assez souvent leur identité dans la singularisation de la vie en collectivité et recherchent à se tenir dans la résistance, l’opposition. Opposition et résistance contre l’indifférence, opposition et résistance contre le vide de sens du Nom de Dieu, opposition et résistance contre une culture qui vit détachée de Dieu. Certaines églises trouvent , aujourd’hui encore, leur raison d’être dans une « resistance-identity ». Nous élevons des chants de louange contre tout ce qui veut le faire taire.
La question est de savoir si c’est chose saine. Dieu avait choisi 300 hommes non à cause de leur capacité : l’art de savoir laper n’est pas une prouesse dont on peut s’enorgueillir. Ça ne tient pas debout !
Tout dépend de Dieu. C’est Dieu qui libère. C’est là que se trouve notre identité. C’est Dieu qui conduit l’église, et non pas la Bande à Gédéon, même si elle est petite et vaillante. C’est l’église de Dieu… et non celle de Gédéon et sa bande.
C’est peut-être une façon angélique, pieuse de le dire, mais cela nous délivre de l’angoisse, de l’incertitude, de l’amertume, et même de l’indifférence.
Ce que ce texte m’inspire, c’est l’humour. L’humour de Dieu.
Qui voudrait mener aujourd’hui le combat avec des hommes dont la particularité est de savoir boire l’eau comme un chien ? Personne, sauf Dieu.
Une resistance-identity qui trouve sa force et sa source dans sa singularité, son opposition contre la culture-sans-Dieu est attirante, compréhensible mais aussi dangereuse. Attirante parce que, comme église elle prend ses racines et ses limites sérieusement, attachée à la Parole de Dieu dans un monde de sourds, d’aveugles et de paralysés, un monde qui semble clopiner cahin-caha dans les ténèbres. Elle est rooted, elle se sent à la source, comme un arbre planté au bord d’un courant d’eau. Mais elle va se perdre dans un dangereux radicalisme quand elle ne sera plus connectée à la Promesse Universelle de la Parole de Dieu, une promesse qui vaut pour chaque individu. Et nous rencontrons trop souvent ce phénomène aujourd’hui que des groupes religieux recherchent leur identité dans la ségrégation et la radicalisation.
Que Dieu, le Seigneur de notre église puisse nous en garder. Sa Parole est dite et écrite pour tout un chacun, car en Christ, il n’y a plus ni juifs, ni Grecs… vous êtes tous un en Christ. (Galates 3 :2). Sa Parole est universelle. Le rôle de l’église d’aujourd’hui est de rechercher la voie qui mène à Lui, par des voies dont nous ne nous serions pas douté… L’honorer, est considérer qu’Il est plus grand que notre communauté, qu’Il transgresse nos limites, que Son amour dépasse notre entendement, que Sa lumière éclaire plus loin, plus profondément et plus fort que notre vue ne peut voir..
Et qu’Il demande, de temps en temps à la communauté, son église qu’Il s’est choisie d’être présente avec un peu plus d’humour.
Qu’il serait beau que l’église mène le combat avec un flambeau et une cruche, avec un sourire aux lèvres et non avec un rictus de frustration et de colère rentrée.
Qu’il serait beau que l’église prenne la place du bouffon. Il était le prophète qui a mené à la libération, avec un sourire invitant à rire de soi car seul nous ne pouvons rien.
La caractéristique de Gédéon et sa bande est l’humour de Dieu.
Edwin Delen