Courte méditation sur Marc 4.26-29
« Libérez le potentiel de vie »
Pour nourrir notre réflexion, je vous propose une courte réflexion à partir d’une parabole de Jésus (Méditation rédigée à partir d’une idée proposée par Christian A. SCHWARZ, Le développement de l’Eglise – Une approche originale et réaliste, Editions Empreinte Temps présent, Paris, 2005, p.12).
26Jésus disait encore : « Voici à quoi ressemble le règne de Dieu : quelqu’un jette de la semence dans son champ. 27Nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, les graines germent et poussent sans qu’il sache comment. 28La terre fait pousser d’elle-même d’abord la tige des plantes, puis l’épi, et enfin plein de blé dans l’épi. 29Dès que le blé est mûr, on se met au travail avec la faucille, car le moment de la moisson est arrivé. » (Marc 4.26-29 ; NFC)
Je vous propose une mise en parallèle de cette parabole avec nos Églises, lieux par excellence où doivent germer les réalités du règne de Dieu. Selon ce que le Seigneur dit, on distingue trois temps : le temps des semailles, le temps de la croissance et finalement le temps de la moisson.
Jésus évoque le travail nécessaire pour le temps des semailles et le temps de la moisson. Dans sa grâce, l’Eglise reçoit cette mission de semer la Bonne Nouvelle dans notre monde, et de moissonner, c’est-à-dire rassembler ceux chez qui ce message a produit du fruit. Mais entre ces deux temps, il est question de graines qui germent et poussent sans qu’on sache comment. La terre fait pousser d’elle-même la graine. Cela ne dépend plus du travail du cultivateur. Nommons cela l’action du potentiel de vie qui s’active quand la graine est en contact avec une bonne terre. En mettant cela en parallèle avec la vie de l’Église, on peut voir que l’action de ce potentiel de vie est l’œuvre de l’Esprit-Saint qui agit dans les cœurs sans qu’on sache comment. C’est l’Esprit qui donne la vie à la Parole semée.
- Ainsi donc, deux acteurs se partagent le travail : d’une part les chrétiens qui sèment et moissonnent, d’autre part l’action de l’Esprit-Saint qui utilisent ce qui est semé afin de faire croître et mener à maturation. Il est important d’avoir un bon équilibre entre les deux.
Imaginons un instant une Église où l’être humain veut aller au-delà de la tâche qui lui est dévolue. Concrètement, ce serait le cas d’une Église qui use et abuse des moyens humains en vue de sa croissance : une Église qui compte trop sur ses structures, ses méthodes de développement, ses projets hyper planifiés, son marketing, bref une Église qui fonctionnerait à la manière d’une entreprise avec un business plan à respecter pour aboutir aux objectifs fixés. Il s’agirait en fin de compte d’une Église technocratique. - L’inverse est aussi possible : une Église qui ne prévoit rien, qui laisse aller les choses par elle-même, une Église qui ne s’engage pas dans l’évangélisation, une Église qui voit sa croissance uniquement par l’action de l’Esprit-Saint sans rien semer. Dans ce cas, on parlerait d’une Église spiritualiste.
Dans chacun de ces deux exemples extrêmes, il manque quelque chose : l’action d’un des acteurs. Or, les deux acteurs ont chacun un rôle à jouer. Et l’un ne remplace pas l’autre.
Comme membres de l’Église du Christ, nous avons la responsabilité de semer et de moissonner. Et pour ce travail, Dieu nous a donné les dons nécessaires, dons à prendre au sérieux. Pour le reste, notre responsabilité est de ne pas empêcher l’action de l’Esprit-Saint qui naturellement, on ne sait comment, fait grandir son Église.
Quand nous ne voyons pas l’Église grandir, on se dirige trop vite vers des techniques humaines avec des plans, des méthodes, des outils spécifiques pour favoriser la croissance numérique. Cependant, trop souvent cela ressemble à un cultivateur qui a une graine dans sa main et qui souffle dessus pour la faire pousser. Cela ne sert strictement à rien. Ce qui permet l’éclosion de la vie n’est pas présent. La graine a besoin d’être semée dans une terre bien préparée pour germer et grandir.
Dieu a placé dans son Église un potentiel de vie comme dans une graine. L’Église est donc naturellement appelée à grandir quand les conditions sont favorables. En quelque sorte, c’est « dans ses gènes ». Il faut juste libérer ce potentiel de vie en assurant les bonnes conditions.
Concrètement, cela signifie qu’après la part de travail qui nous revient, préparer la terre et semer la Parole vivante, nous devons veiller à ne pas empêcher cette Parole de germer en l’étouffant par des attitudes, des techniques ou des méthodes inutiles ou nuisibles. En revanche, comme le cultivateur arrose le sol quand il ne pleut pas assez, nous pouvons prier afin que l’Esprit-Saint agisse de sorte à faire éclore la vie de la graine semée. La croissance et la vie de l’Église dépendent entièrement de Dieu. Nous devons apprendre à compter sur Lui et ne pas prendre la place qui lui revient. Laissons-nous surprendre par le potentiel de vie que le Seigneur a placé dans son Église.